Morose... c'est l'état dans lequel cette journée mal engagée, mal poursuivie et interminable, l'a mise.
Le retour, dans les embouteillages et les vapeurs nauséabondes, finit de la mettre sur les nerfs.
Il la retrouve donc blanche et désenchantée, affalée dans le canapé, son casque lui hurlant des sons indigestes aux oreilles. Elle tente bien un mince sourire et un redressement de son corps alangui, pour le saluer... mais ses efforts sont vains. Lorsqu'il l'attrape par les épaules, la soulève et la prend dans ses bras... elle fond en larmes bruyantes.
Il la garde contre lui un moment, jusqu'à ce que l'eau de ses yeux coule en silence. Alors, la caressant lentement, il la rassure de sa voix d'homme.
« Petit oiseau... laisse sortir tes pleurs... Je suis là maintenant... »
Elle sourit à travers ses larmes... elle sait le jeu de ce joli nom... Petit oiseau elle se sent... Petit oiseau elle veut être... Mais en même temps elle se sent sans force... sans envie... sans désir... juste celui de fermer les yeux...
Elle se secoue soudain. Elle se sent coupable de son désarroi. Elle voudrait être toujours forte.
« Pardon ! dit-elle précipitamment. La table est mise et le repas est prêt. »
Il lui caresse tendrement la joue, lui offre un grand sourire.
« Assieds toi, j'arrive. Le temps de me rafraichir et je suis à table. »
Elle s'installe et reprend ses vagabondages d'âme triste. Elle sert sans y penser, et attend sans voir ni entendre.
Elle fait un bond de surprise lorsque deux grandes mains se posent sur ses épaules.
« Je ne voulais pas te faire peur... Laisse-moi te masser le dos... juste deux minutes... pour te détendre. »
Elle penche la tête en avant, découvrant sa nuque ployée. Avec lenteur et douceur, il malaxe les muscles tendus... ne résistant pas longtemps à embrasser la peau douce, juste sous les petites mèches. Puis, avant qu'elle n'ait réagi, il lui place un bandeau sur les yeux et le noue.
Elle relève la tête, interrogative...
« Mais je ne crois pas être en état de jouer ! » se plaint-elle.
Prenant le visage aveugle dans ses mains, il lui souffle : « Chut ! Je m'occupe de toi... c'est tout. »
Elle le sens s'assoir près d'elle. Elle perçoit le bruit des assiettes qu'il déplace, de l'eau dont il emplit un verre. Glissant une main derrière sa nuque, il approche le verre de ses lèvres et lui donne à boire lentement.
Elle se sent soudain si fragile... si... « Petit oiseau »... les larmes lui serrent la gorge... l'empêchant d'avaler... des sanglots refont surface... Il la prend dans les bras... attendant le calme...
Puis il commence à la faire manger... il la nourrit avec application. Elle se laisse faire... la sérénité l'envahit peu à peu... Des bouffées de tristesse l'étreignent encore... mais la nourriture la distrait... Manger les yeux bandés est surprenant... elle perçoit des bruits inconnus... les saveurs sont différentes quand elles sont dénuées de couleur...
Le repas terminé, il la prend par la main et l'invite à se lever... Elle n'a pas parlé... Elle a juste accepté de manger tout ce qu'il lui a présenté. Maintenant, elle croit se sentir mieux.
« Merci, je me sens beaucoup mieux. Je crois que je peux ôter le foulard. »
« Qui te dit que tu en as le droit ? »
Le ton sec qu'il emploie l'a fige sur place.
Elle sent de nouveau sa gorge se serrer, ses yeux bruler... sa lèvre tremble légèrement...
Il la colle contre lui et l'embrasse amoureusement... Elle lui rend son baiser, malgré les larmes qui imprègnent le tissu et étreignent sa gorge. Sans relâcher son emprise, il la caresse à travers ses vêtements et l'entraine à sa suite. Elle perd le fil et tente de s'oublier... par vagues, le chagrin revient et la submerge... mais peu à peu... le ressac s'allonge...
Il la déshabille rapidement... sans brusquerie... sans hésitation... Elle se laisse faire, à demi vaincue, à demi absente... Elle n'est pas certaine d'avoir le cœur à se laisser emmener... elle a peur de ne pas réussir à oublier sa colère et sa mélancolie... Elle apprécie ses caresses tendres sur son corps nu... mais elles ne couvrent pas le spleen...
Il voit sa tension aux muscles durs juste au dessus de ses reins... la colonne semble creusée entre ses omoplates... la nuque ne se détend pas... le ventre ne réagit pas comme à son habitude... aucun frisson ne le parcourt... les jambes se raidissent sous ses doigts...
Elle est debout, nue et superbe dans le clair obscur de leur nid... en attente... sans résistance... et en même temps il sait qu'il va devoir bien jouer pour la détendre et pour obtenir qu'elle baisse les armes, cesse de se protéger et s'abandonne à ses bras... aux plaisirs...
Il prend soudain une décision... et ouvrant leur placard secret... en sort des cordes... des barres et tout un attirail... dont il amplifie volontairement les bruits. Il l'observe et la voit réagir... elle se redresse et se tourne vers lui...
« C'est décidé ! Je vais te punir de ta tristesse. »
Elle éclate de nouveau en sanglots... commence à se replier sur elle-même... Alors, il lui attrape les poignets, les attache ensemble au dessus de sa tête et passe la corde dans l'anneau des poutres.
« Non, pas ce soir ! » gémit-elle entre deux pleurs.
Elle s'agite... implore... tire sur la corde... Soudain, il frappe l'air d'un claquement sec qui la pétrifie.
Elle a reconnu le son du fouet... cette sonorité caractéristique fait monter en elle une panique incontrôlable.
Elle reste figée... tendue vers le moindre souffle... attentive au plus léger mouvement...
Elle pousse un cri mêlé d'effroi et de surprise... quand une caresse aussi ténue qu'un papillon se pose sur son dos... sa peau s'électrise sous les volutes qui la parcourent...
La frayeur immense que l'idée de la morsure du fouet à fait naitre en elle, s'est instantanément transformée en un relâchement tout aussi intense.
Avec beaucoup de délicatesses et une infinie patience... il suit chaque ligne de sa peau du bout soyeux d'une plume.
Il voit son corps se cambrer... ses liens suivre le mouvement... l'épiderme se crisper puis se détendre...
Il ajoute ça et là la caresse de ses doigts... la chaleur de son souffle... et enfin, il plaque sa main entière sur son sexe doux et parfumé...
Il la sent prête... liquide... au bord...
Mais il veut plus... il veut son abandon. Alors, se collant à son dos de tout son corps d'homme, il lui murmure : « Tu veux que je continue ? »
Il sait qu'elle ne peut déjà plus parler et que s'il insiste, elle reprendra ses esprits et son désespoir avec...
« Chut ! Ne répond pas. Tu vas juste dire oui ou non avec la tête. »
Elle opine très lentement.
« Mais attention ! Tu devras bouger la tête de droite à gauche pour dire oui et de haut en bas pour dire non. Tu as compris ? »
Elle commence par hocher la tête et au son de désapprobation qu'il émet... elle se corrige rapidement... Un grand sourire éclaire son visage...
Il commence par lécher et palper sa poitrine tendue... mordillant les tétons, de plus en plus fort...
« Encore ? » demande-t-il soudain.
Elle hoche langoureusement la tête...
« Bon, ok, j'arrête alors. »
Elle s'agite, secouant la tête dans un sens... puis dans l'autre... elle panique un peu...
Il ne lui laisse pas le temps de reprendre ses esprits et commence à flageller ses fesses de tout le poids des lanières de daim... Elle se cambre immédiatement... cherchant l'impact autant que le souffle... la chaleur autant que le picotement... le ricochet autant que la caresse. Posant enfin sa main fraiche sur ses rondes rougeurs, il lui demande de nouveau : « Encore ? »
Elle met un moment avant de secouer la tête de droite à gauche... ayant visiblement puisée loin sa lucidité, pour ne pas se tromper...
Il continu donc quelques instants, puis la voyant se laisser de plus en plus aller, il lâche le martinet et la redresse, passe devant elle et se mettant à genoux, vient goûter le miel qui coule sur ses cuisses.
De sa langue, il la savoure.
Lentement il l'investit.
Il mordille... boit... caresse... pénètre... promène...
Elle gémit sans discontinuer...
Elle commence une danse qu'il connait bien...
Alors il s'arrête, et la regarde. « Encore ? »
Elle commence par lever la tête en un mouvement ample... prête à acquiescer... et se reprend... remuant frénétiquement en un non muet...
Il ne peut retenir un rire joyeux...
Deux coups de langue et il se relève, l'attirant à lui et plongeant ses doigts dans son sexe trempé.
« Tu en veux encore coquine ? »
Elle nie.
« Tu aime ça ? »
Elle nie toujours.
« Tu n'as pas le droit de jouir ! Tu as compris ? »
Elle nie... puis se contredit.
« Tu ne jouis pas... d'accord ? »
Elle approuve... puis refuse...
Elle ne sait plus... les doigts qui la fouillent la rendent folle.
Elle sent son ventre bruler... son sang n'est plus que lave... son corps incandescence... sa tête explose en étincelles...
Elle agite la tête en tous sens... désordonnée... incohérente... disloquée...
Elle laisse échapper un long cri et s'effondre... retenue par les cordes et les bras puissants de l'homme quelle aime...
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