Novembre 2024 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | 2 | 3 | ||||||||
4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | 10 | ||||
11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | ||||
18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | 24 | ||||
25 | 26 | 27 | 28 | 29 | 30 | |||||
|
- Pas de sous vêtement aujourd’hui. Je t’emmène en promenade. Par contre, met ton collier.
La voici parée : jupe au dessus du genou, porte jarretelles et bas fumé, bottes à hauts talons, chemisier et veste entrouverts sur sa poitrine nue, collier ras du cou au bel anneau d’argent.
Rue Belville, les grapheurs en action s’agitent en un ballet multicolore.
Pendue à son bras, elle observe ébahie les gestes assurés d’un jeune homme qui fait sortir du mur un visage buriné. Plus loin, à grands coups de bruines colorées, un autre donne du relief à un paysage fantastique. De ci, de là, une porte ouverte dans la fresque, invite à pénétrer dans un univers particulier, une galerie de portraits étranges, des photos de graffs du monde, des objets hétéroclites tagués ou non… Attablés à l’intérieur, ou devant les portes béantes, des individus hauts en couleurs eux aussi, gothiques ou bigarrés, hagards ou survoltés, affalés ou sautillants, trinquent et bavardent. Toute cette faune vivante la fascine autant qu’elle l’effraie.
Ils entrent dans une galerie plus énigmatique que les autres, obscure. La musique classique emplie l’espace de solennité, les murs sont crevés d’alcôves plus ou moins profondes, dévoilant des décors envoutants… des hommes… des loups dévorants la chair de femmes éplorées… des femmes liées… contraintes… corsetées … enchaînées… pâmées… Son esprit s’échauffe. Sa main tremble légèrement dans celle de son homme. Son ventre se contracte. Quand il la regarde, elle lui sourit de cette façon ambigüe qu’il connait bien.
- Sortons.
Tu vas m’attendre là. Ne t’éloigne surtout pas.
Il l’abandonne devant l’antre des illusions et elle se sent soudain mal à l’aise. Il lui semble que ceux qui passent devant elle, savent ses perversions, devinent les zébrures de ses rondeurs, les marques de ses poignets, les cris de ses jouissances, les chemins tortueux de ses plaisirs… Elle sent ses joues se colorer et le feu envahir ses cuisses.
- Alors jolie madame, notre univers t’excite ?
Trois hommes sont sortis de la galerie et l’entourent. Celui qui lui fait face n’est pas très grand, mais trapu. Son sourire narquois l’alarme. Elle recule et se retrouve adossée à un garçon immense qui croise aussitôt ses grands bras autour d’elle. Le troisième s’approche alors, glisse un doigt sous son menton et lui dit : - Allons, où croyez vous aller ?
Il suit de son autre main l’échancrure de son chemisier.
- Humm ! C’est pour nous ces jolis trésors ?
Elle jette un regard vers la porte… cherchant… désespérément…
- Si tu cherches ton mec, c’est inutile. On s’en est débarrassé. Ce qui nous intéresse, c’est toi petite chienne.
En lui murmurant ces mots à l’oreille, il a glissé un doigt dans l’anneau de son collier et la tire derrière lui vers l’entrée. Elle sent la panique l’envahir… la peur part de son cœur et suit ses veines… glaçante… paralysante… Elle ne peut plus réfléchir… penser… Elle avance pour le retrouver… Que lui ont-ils fait ?
Le dernier homme ferme la porte derrière lui et l’atmosphère ténébreuse s’accentue. Elle le cherche. La peur se crispe autour de son cœur. Ses jambes rechignent à la porter d’avantage. Ses mains tremblent de nouveau. Elle est entrainée vers le fond du boyau comme un animal terrorisé tiré par son collier.
Elle le voit enfin, sur une sorte d’estrade. Il est confortablement assis dans un fauteuil d’un autre âge. Derrière lui, peinte sur le mur, une femme immense corsetée et bottée de cuir, une cravache à la main, semble se réjouir du spectacle. Elle réalise qu’il n’est pas contraint… qu’il lui sourit… Alors, comme par enchantement, la main d’acier qui pressait son cœur s’évanouie, l’étau délivre son esprit. L’angoisse reste, mais elle sait qu’il veille et ne permettra pas qu’elle soit blessée… sa conscience se libère…
- Tu as eu peur ? Je le vois. Tant mieux… c’est bon la peur mon amour… Il lui sourit avec perversité. Tu vas être gentille. Ces trois hommes ont très envie de jouer avec toi… et moi j’ai envie de te voir jouir. Montre leur la petite chienne que tu es ! Ils te font peur ? Tu as raison d’avoir peur. Tu as vu leur univers ma douce… le même que le tien n’est-ce pas ? Alors tu as vraiment des raisons d’avoir peur car leurs limites ne sont pas les mêmes que les tiennes… Et j’ai décidé de les laisser faire de toi ce qu’ils voudront… Je veux voir jusqu’où tu peux aller… Tu n’es pas prête ? Aucune importance. Tu as ton collier ? Alors tu es prête. Tu n’as pas le loisir de choisir. Et si je te laissais choisir… tu ne serais jamais prête. Moi je le suis et c’est la seule chose qui compte. Messieurs, place aux jeux !
(Photos : Rue de Belville, Paris de Lyzis)
Je vous ai reconnu même caché sous votre capuche... ;-)