Rendez-vous…
Elle a souri quand il lui a donné ce « rendez-vous »… elle savait qu’il voulait
qu’elle se rende… qu’elle se donne à lui…
Cette rencontre il l’a préparé, soigneusement. Il a choisi cet hôtel restaurant champêtre.
Il était certain qu’il lui plairait. Maintenant qu’il est sur place, qu’il l’attend, il n’est plus certain de rien…
Elle arrive, presque à l’heure, cheveux au vent, ses grands yeux toujours aussi
rieurs.
Il se détend dès qu’il la voit. Elle est là, elle accepte …
Elle s’approche avec fougue et se met sur la pointe des pieds pour caresser sa joue contre
la sienne…
Il laisse trainer goûtant du bout des lèvres jusqu’au coin des siennes…
Elle recule lui offre ses yeux qui s’affolent… son sourire, lui, s’étend sur son
visage…
Il la sait au bord… à cet instant précis l’envie se dispute avec la raison sous cette jolie
tête…
Il ne lâche pas sa taille pour l’inviter à entrer…
Elle sent la chaleur de sa main posée sur sa hanche et réprime avec force le vertige qui
s’annonce.
En quelque pas, il l’a débarrassé de sa veste, de son sac et l’invite à s’asseoir sur un
banc.
Les tables sont déjà bruyantes. Esprit campagne, les convives se côtoient. Table de quatre,
tablées de huit… l’intimité n’est pas au programme.
Elle en est soulagée et inquiète en même temps.
- Tu n’es pas déçue ? son regard inquiet la fait sourire de plus belle.
- Non ! Je me sens moins oppressée ainsi. Je ne m’y attendais pas, c’est
tout.
Il lui renvoie un sourire malin…
- J’aime assez l’idée de te surprendre… et aussi que tu te détendes…
Le ton l’intrigue. Elle panique une fraction de seconde en se demandant ce qu’il veut sous
entendre…
Mais déjà, les plats arrivent… les voisins se servent et entame une discussion
animée…
Elle se laisse embarquer par les rires et les plaisirs de bouche qui défilent sur la
table…
Peu à peu, l’atmosphère change… le vin et les victuailles font leur office… les
conversations dérapent un peu… les couples se rapprochent… des baisers s’échangent…
La différence est imperceptible… mais elle opère un glissement des sens… une augmentation
des perceptions…
Elle sent son regard posé sur elle.
Il est assis à côté d’elle et observe son profil, tandis qu’elle répond aimablement à son
interlocuteur.
Elle se rapproche insensiblement, glisse sur le banc, sentant soudain l’air qui les
sépare.
Tout en souriant à l’homme qui lui fait face, son esprit s’égare.
Elle ne peut réprimer les pensées qui l’assaillent.
Elle appelle de tout son être sa main sur elle… elle en rêve… frémit d’y penser… n’arrive
plus à rassembler ses esprits… ne saisit plus les mots qui lui sont adressés…
Il voit la tension qui redresse son dos... ses seins qui pointent indécents sous le tissu
léger…
Il devine qu’elle rentre en émoi… qu’elle est prête…
Alors, lentement, il pose sa grande main brûlante sur son genou.
C’est un courant… une électrocution… comme la morsure… attendue… refusée… espérée…
d’un serpent.
Elle chavire… ses yeux papillotent… ses cils brouillent les images… son cœur respire soudain
au bord de ses lèvres…
Il ne lui laisse pas le temps de reprendre son souffle… ses mains lui échappent… son désir
violent d’elle, le pousse à toucher sa peau nue au dessus des bas…
Elle se croit défaillir… couler… glisser au creux de cette main qui transmet le désir de
l’homme…
Il est avide de découvertes… incapable de retenir ses doigts… frôlant la peau tendre et
douce… glissant sous la dentelle qu’il devine humide…
Il faut qu’il arrête… qu’elle respire… qu’elle sorte de cette apnée qui désorganise ses
sens…
Il la désire là… sur le champ… il la veut maintenant… sauvagement…
- Excusez-nous. Nous vous retrouvons plus tard si vous voulez bien.
Viens, suis-moi.
Il attrape sa main et se lève.
Elle ne redescend pas… se laisse guidée… automate aux gestes lents et mesurés…
Il l’entraine vers la chambre qu’il a louée en arrivant.
Il ferme la porte du pied avant de la coller dos contre lui.
Elle imbrique son corps au sien… se cambrant pour sentir son désir contre ses
fesses…
La tête lui tourne à la pensée de son indécence…
Mais elle refuse d’écouter sa raison… elle brave son humanité… elle ouvre les vannes à ses
instincts sauvages…
Elle s’offre à lui… lui abandonne sa gorge délicate… s’écarte pour qui la touche mieux
encore… plus près… oui… là… exactement là…
Elle part… elle se sent partir… elle accepte ce départ… elle sombre et tombe… seuls ses bras
la retiennent…
Il l’entoure de sa chaleur… lui offre son cou pour revenir… la blottit au creux de ses bras…
accordant les battements de son cœur, au désordre de sa respiration…
Et ce n’est que l’ouverture d’un opéra pour trompettes et violoncelles…
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