Soudain
Sa main
Négligemment posée
Trop haut sur ma cuisse
Provoque
Mon mutisme
et
Une rougeur
Déplacés
En ce lieu
En cet instant
En cette compagnie…
Décembre 2024 | ||||||||||
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Soudain
Sa main
Négligemment posée
Trop haut sur ma cuisse
Provoque
Mon mutisme
et
Une rougeur
Déplacés
En ce lieu
En cet instant
En cette compagnie…
Pourquoi a-t-elle accepté ?
Depuis des jours elle se pose la même question.
Treize jours exactement… Treize jours sans aucune nouvelle… Treize jours à sentir son cœur étreint par l’appréhension …
Et demain à la même heure… elle sonnera à sa porte…
Cette seule pensée fait monter une bouffée d’angoisse, mêlée à un trouble euphorisant…
Il faut qu’elle se décide… elle n’arrive pas à concentrer ses pensées pour arrêter ses choix… elle ne sait toujours pas ce qu’elle portera… l’épreuve est éprouvante…
Elle va prendre une douche pour se débarrasser de la poussière de la journée et rafraichir ses idées bouillonnantes…
L’eau chaude ruisselle sur ses épaules et sa nuque… elle sent ses muscles se détendre… son esprit se fixe sur ce plaisir simple… son corps ondule sans qu’elle en prenne réellement conscience… ses mains parcourent… voluptueuses… ses pleins et ses déliés…
Elle s’enduit les paumes de savon… augmentant la douceur de ses caresses…
Son esprit oublie le cadre… s’emplie d’images… métaphore ses sens… convoque ses fantasmes…
Elle désire le plaisir… le rêve… l’imagine…
Et il enfle en elle… envahit son corps… inonde sa tête… brûle sa peau… pulse son sang… tend son ventre… enflamme son intérieur… explose en vagues qui entrainent ses hanches… en feu d’artifices qui étoilent ses paupières… en papillons multicolores qui effleurent son cœur arrêté…
Elle fléchit sur ses jambes et reprend lentement son souffle…
Elle se laisse revenir tout en douceur… au ralenti… se concentrant sur chacun de ses gestes…
Une fois sèche… elle laisse tomber sa serviette au sol et se regarde… elle s’efforce de se concentrer sur ce qu’elle aime d’elle… elle veut avoir du courage… ne pas laisser de désagréables pensées la miner… elle veut se sentir belle et forte…
Elle aime son petit triangle noir… net et doux… son ventre ni rond ni plat… tout en tendresse… sa taille souple… et ses petits seins espiègles… sa peau douce et ferme… ses yeux…
Enveloppée de la tête aux pieds de lait soyeux et parfumé… elle s’allonge sur son lit encombré d’une multitude de robes… jupes… corsages…
Elle les attrape, les un après les autres au hasard… en jetant certains au loin…
Elle roule sur sa couche et sens de nouveau l’angoisse monter…
À plat ventre, elle se perd dans des pensées troublantes… la tête posée au creux des mains… les jambes battant en cadence sans qu’elle en ait conscience…
Elle tente d’imaginer l’instant… celui où il ouvrira la porte… elle veut trouver ce qu’elle aimerait qu’il voit… elle cherche ce qu’il aimerait voir…
Elle aimerait tant lui plaire… qu’il la désire à l’instant…
Elle secoue la tête… s’agite… elle doit être elle… juste elle… elle ne sait pas faire autrement…
Intuition… urgence… elle fait un tri expéditif… et debout devant son miroir… elle se regarde…
Elle n’a pas mis cette robe depuis des années… pourquoi n’y a-t-elle pas pensé plus tôt ?
Moulante… manches sur l’épaule… décolleté sage… mi cuisses… courte… elle sent ses joues s’empourprer…
Un motif coloré au centre dessine son corps comme une amphore… elle se tourne légèrement… le tissu épouse parfaitement sa cambrure… ses fesses… ses cuisses…
Elle peut voir le trouble colorer ses pommettes… elle prend honte de la lueur de ses pupilles…
Elle se déshabille rapidement… plie précieusement la robe… et se coule sous les draps… chassant de toutes ses forces les idées qui affluent…
Le sommeil la prend par surprise, effaçant craintes, excitations, doutes et certitudes.
Son corps est encore profondément endormi quand les idées commencent à cogner au fond de son crâne…
Elle a l’impression que ses yeux cherchent à suivre cet afflux de pensées désordonnées.
Impossible d’endiguer le flot… une seule question revient sans cesse hanter les limbes de son cerveau… Pourquoi a-t-elle accepté ?
Elle en connait la réponse mais refuse obstinément de la formuler… honteuse… effrayée par ses désirs… paniquée par l’inconnu…
Elle se lève avec précipitation… agir pour ne pas penser… remplacer le vide vertigineux par l’action…
Elle passe sa matinée à s’étourdir dans les tâches ingrates de la maison…tout ce qu’elle fuit d’ordinaire… et qui là lui offre la possibilité de concentrer son esprit embrouillé…
Elle ne pense même pas à manger, l’idée de se retrouver seule avec elle-même devant une assiette lui coupe l’appétit…
Enfin, elle s’affale dans le canapé, un livre entre les mains… dans l’espoir de voir son imagination happée par les aventures des héros de papier…
Le sommeil tente de la gagner… mais son inconscient la rappelle sans cesse à la course des aiguilles de l’horloge… et le pointillé de ses assoupissements lui laisse le goût amer d’une molle fatigue…
Elle décide soudain qu’il est temps de se préparer… de passer à autre chose… d’assumer ses choix.
Une douche brûlante, puis glacée pour activer ses réflexes… et calmer ses langueurs…
Une vérification soigneuse des détails…
Massage douceur… parfum léger… cheveux disciplinés…
Habillage rapide… elle a pris sa décision et n’y reviendra pas… elle doit simplifier… ne pas se perdre dans de vaines spéculations… elle ne saurait, maintenant, plus réfléchir… sa tête se vide au fur et à mesure qu’elle s’apprête…
Maquillage… les yeux… les lèvres… ni plus… ni moins…
Si elle part maintenant elle devra attendre avant de sonner chez lui… mieux vaut patienter ici…
Mais si elle reste là… elle va tergiverser… trouver les arguments pour ne pas y aller… défaire ce qu’elle vient de terminer… se regarder une fois de trop et douter de ses choix…
Elle attrape son sac et son manteau… claque la porte… et respire…
Au volant, elle tente de se concentrer uniquement sur la route… mais ses jambes tremblent… son cœur lui fait mal sous l’étau de l’angoisse… ses tempes battent au rythme des signaux d’alarme que sa raison envoie…
Elle arrive… passe au ralenti devant sa porte… et va se garer trois rues plus loin…
Elle reste paralysée… assise à l’abri dans sa boite en fer…
Elle peut repartir… elle doit repartir… rentrer et souffler de soulagement…
Elle ne veut pas repartir… elle veut savoir… vivre… partager… donner…
L’excitation s’empare de sa raison… anéantit sa logique… pulse au fond de son ventre…
Elle repousse toute pensée… vide son esprit et sort.
Elle ne sent pas ses pas la porter… elle sent le vent à la lisière de ses bas… les regards sur son sourire, ses pommettes roses et ses yeux pétillants…
La porte est déjà là… arrivée devant elle sans qu’elle ne s’y attende… elle ne sait plus l’heure… plus les battements de son cœur…
Elle garde un instant interminable le doigt en suspension au dessus de la sonnette…
Un long soupir… résister une ultime fois au désir de déguerpir… laisser sa pulsion agir sans sa tête…
Elle sonne…
Elle ne peut plus respirer… elle croit le malaise au bord de son cœur… elle pense ses jambes tétanisées à jamais… elle sent la montée des eaux à l’orée de ses yeux… ses mains sont glacée… son échine frémit… son ventre palpite…
La porte s’ouvre… et elle se noie dans ses yeux…
Elle perd la parole mais retrouve le souffle…
Le sang afflue dans ses joues…
Les doutes évanouis, reste le pincement de l’inconnu…
Elle sait désormais pourquoi elle a accepté…
Ça y est, je pars
Neige ? Soleil ?
Passion ! Frissons !
Plaisir de se revoir
Promesses de merveilles
Provision d’émotions
Depuis des jours
Fermer les yeux
Trouble ma chair
Agite mon imaginaire
Mais le temps court
Enflammé par nos jeux
Séduction et caresses infinies
Soumission et joyeuse effronterie
Il faut rentrer
Ne pas me retourner
Je hais ces instants
Voyage rêveur
Sourire au cœur
Souvenirs enivrants
Merci
A peine le temps de laisser l’eau monter en température qu’un froissement précède une grosse voix…
Une bouffée de pensées brouillonnes, envahit ma tête… honte… désir… angoisse… fantasmes en résurgence… je me cache… je ne peux affronter ses yeux…
Me voici le front contre le mur glacé… la douche brulante paralysée dans ma main…
Il se moque… prend la pomme et l’initiative de l’ondée…
Je sens la chaleur de l’eau pénétrer ma peau… ses mains me frémissent… au hasard… vérifiant mon humidité…
Il me retourne et je ferme les yeux…
Il pince mon sein fort… très fort… mon ventre crie à ma place…
Il me demande de choisir le savon… en remplit ses mains et je lui tends les miennes…
Je perds tout contrôle… concentrée sur le plaisir de ses mains frictionnant mon corps…
Je fais comme lui… me collant… me frottant de toute ma peau contre la sienne…
Et je sens son sexe dressé pour moi…
Il reprend les rennes de l’averse chaude… protège mon visage… torture de nouveau mes boutons érigés… agace… et me caresse des pieds à la tête…
La chaleur dans mon ventre… enfle dangereusement… je m’éloigne et à mon tour frotte son
corps… et… me laisse tomber à genoux…
Je me laisse guider par mon désir… plaisir de savoir son appétit…
Il me relève par les cheveux… baisers… doux… tendres… envahissants… vertigineux…
Le trouble atteint le bord de mes lèvres… il s’éloigne… m’abandonne… je me perds… je chute… libre… au bord du précipice… sans y tomber…
Il est encore plus difficile de revenir quand on n’a pas atteint l’étincelle… le rêve continu… s’étire… se concentre…
Et quand enfin je peux marcher… respirer… je suis tendue… électrique… toujours au bord…
Merci.
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