Comme tous les mercredis, elle sortait de l’eau, après
500 mètres, à la fois revivifiée et fatiguée…
Elle profitait alors pleinement de la douche brûlante en frictionnant son corps de savon
parfumé, puis de lait.
Elle filait ensuite dans une cabine, enroulée dans son drap de bain, pour passer rapidement
ses vêtements.
Ce mercredi là, rien ne se passa comme d’habitude…
Elle rata l’heure et arriva tendue.
L’eau fraîche du grand bain la saisit.
Elle commença sa première longueur lentement, laissant l’eau caresser sa peau.
Elle aurait aimé fermer les yeux pour ressentir plus intensément ce contact, froid et
pressant, insaisissable et enveloppant…
Mais elle devait rester vigilante, éviter les collisions.
Elle avait choisi une ligne d’eau où ne nageaient que deux hommes…
Elle ne voulait pas les regarder… elle voulait juste pouvoir nager…
Elle commençait tout juste à calmer sa respiration quand elle arriva au bout.
Après un bref regard en arrière, elle se laissa glisser sur le dos…
Elle tendait son corps vers la surface… portait ses petits seins en étendards, et poussait
son bassin vers le ciel…
Elle amplifia sa respiration, la calquant sur les mouvements de ses
bras…
Comme un métronome, elle traversa le bassin, les yeux perdus dans les rainures du
plafond…
Après 6 longueurs, elle fit une pause.
Elle laissa ses yeux prendre des informations sur les personnes alentour.
Dans la ligne d’à côté, une femme qui enchaîne les longueurs… Maquillée de rose layette, du
qui part même pas à l’eau… les lèvres rose brillantes, les paupières du même rose et les cils chargés de lourd noir profond…
Des nattes blondes, et des palmes blanches, une athlète ne plaignant pas ses
efforts…
Et elle, à côté, qui n’est là que pour le plaisir de sentir l’eau la
porter, l’entourer.
Elle qui n’aime que fendre et pousser cette force liquide.
A côté, elle sent la présence d’un homme. Il descend lentement sous l’eau, braquant ses
lunettes de mouche sur son corps immergé.
Elle se sent mal à l’aise d’être ainsi observée malgré elle. Son maillot lui semble soudain
tout à fait indécent.
Elle détourne ostensiblement les yeux.
Elle les plonge directement dans les lacs lumineux du second personnage nageant dans sa
ligne d’eau…
Ses yeux magnétisent les siens… elle ne peut s’en détacher et cache sa gène derrière un
grand sourire… qui la fait rougir immédiatement.
Elle réalise l’interprétation que cet homme pourrait faire d’un tel sourire…
Détournant trop tard les yeux, elle pousse sur le mur et se lance dans une longueur
rageuse…
Elle repart sur le dos, frappant l’eau de troubles incompressibles…
Lorsqu’elle entame sa neuvième traversée… elle ne trouve pas la force d’empêcher ses yeux de
plonger dans l’eau givrée du regard braqué sur elle.
Elle ne retient pas plus le sourire qu’il lui inspire. Et elle ne peut ignorer celui qu’il
lui tend…
Il semble l’attendre et elle le sait la regardant arriver, sur le dos, tendue comme un
arc…
Lorsqu’elle pose les pointes des pieds au fond, elle se sent soudain très faible… Elle
manque de force et ses pensées sont troubles…
Elle ne peut sortir sans passer si près de lui… Elle ne veut rien voir…
Elle ferme les yeux et respire lentement…
Elle a accroché ses bras au rebord et bat lentement l’eau de ses jambes…
Elle sent la résistance que lui oppose cette masse liquide…
Elle la remue comme celle-ci la remue…
Elle ressent les caresses longues et enveloppantes…
Elle sent son sexe pulsé agréablement sous la pression de ce fluide…
Elle se laisse bercer et ses pensées l’entraînent…
Elle ressent sa présence à côté…
Elle perçoit le regard brûlant…
Elle sait le sourire qu’elle ne peut réprimer et qui exprime si bien son
ressenti…
Une caresse plus prononcée sur sa fesse droite agrandit encore son sourire…
Et quand elle ouvre les yeux, elle sait déjà que ce sera pour être directement prisonnière
de ses deux saphirs…
Son cœur s’arrête quand elle découvre les yeux de mouche braqués sur son
visage…
Elle a un mouvement de recul qui l’a fait basculer en arrière et elle se sent porté avec
douceur vers la surface.
Quand elle arrive à discerner de nouveau ce qui l’entoure, elle trouve penchés sur elle,
deux grands yeux dorés.
Un grand sourire les illumine et elle se sent soudain rassurée, prête à laisser s’évanouir
l’angoisse.
Elle se laisse portée par ces bras doux. Elle se donne le temps de se rassurer encore un
peu…
Elle se ressaisit enfin et se redressant, elle lui présente ses excuses et un sourire
gêné.
Elle se sent soudain mal à l’aise.
Elle s’échappe d’un mouvement ample.
Passant rapidement sous les câbles, elle atteint l’échelle et ne peut s’empêcher de laisser
ses hanches se mouvoir avec intention…
Attrapant son sac au vol, elle file vers les douches et s’enferme dans une
cabine.
Elle se laisse aller au bien être de cette eau chaude qui coule sur sa peau.
Elle savonne avec douceur son corps entier… un parfum de fleurs sucrées…
Elle enveloppe ses cheveux longs d’une crème onctueuse…
C’est une sensation de douceur qui l’enveloppe.
Elle laisse l’eau chaude diluer lentement les douces crèmes parfumées…
Elle s’enroule rapidement dans son grand drap de bain jaune et rejoint une
cabine.
Elle sort ses chaussures, sa robe et… elle panique… ouvre grands les yeux pour vérifier
encore et encore…
Elle retourne son sac… tri et recommence… mais non, il n’y a pas trace de sous
vêtements…
Elle réalise soudain ce que cela implique. Elle n’a que sa robe légère et ses chaussures
pour sortir de cet endroit. Elle doit aller à la poste avant de rentrer et acheter de quoi dîner.
Elle se sent écarlate lorsqu’elle rejoint le banc pour mettre ses chaussures.
Elle se sent gauche en s’asseyant, tirant sa jupette entre ses jambes…
Après avoir attaché les lanières de ses sandales, elle se dirige par
habitude vers les sèche-cheveux. Elle ébouriffe sa chevelure sous l’air brûlant…
Elle se laisse envelopper par cette chaleur soufflée…
Elle oublie un instant sa tenue si légère…
Lorsqu’elle perçoit le souffle ardent sur sa peau sans barrière, elle réalise en même temps
le spectacle qu’elle doit offrir…
Elle attrape rapidement son sac et les yeux baissés sur ses pieds, elle fuit, courant
presque se réfugier dans sa voiture…
Je sais que les temps ne concordent pas… j’ai réécrit… mais le texte perdait beaucoup en
sensibilité, il devenait emprunté, il perdait sa sincérité. Voilà pourquoi je vous le confie tel que je l’ai écrit, comme je l’aime.
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