Quand ses lèvres serrées s’ouvrent pour laisser le liquide encore frais se déverser dans ma
bouche…
Les bulles qui frémissent aux commissures… le parfum raisin ambré qui envahit les papilles…
la légère brûlure au fond de la gorge… le crépitement sur nos langues enlacées…
La sienne entre en moi… puis se retire appelant la mienne…
Je goûte ses lèvres… sa peau… son palais…
Je me laisse abreuver… gorger… de sa salive champagne… de sa langue ardente…
Et je me liquéfie… ma raison fond… mon corps se fragmente…
Lentement… inexorablement… une nouvelle gorgée se fraye un chemin au creux de mes
seins…
Le liquide vivant emprunte le plus court pour atteindre le creux de mes jambes…plus bas…
posé en équilibre sur un meuble…
Mon corps se tend… ressort mue par l’effet inattendu…
Mes seins me semblent sortir de leur bordure de dentelle…
Sa bouche sur ma peau… sa langue qui me boit… son nez qui me hume…
Je l’abreuve… lui donne mon corps à goûter…
Je suis trop loin pour mettre des mots… pour raconter clairement… mes seins sous ses dents…
ses mains autour, sur, en moi… ses doigts trempés de champagne et de ma source… sa bouche qui se désaltère inlassablement…
Je ne sais plus que l’explosion… le cri… l’étincelle qui met le feu aux étoiles… partout en
moi… les bulles qui crépitent jusque dans ma tête… derrière mes paupières closes…
Et l’abandon des défenses… la perte de contrôle… la chute…
Je crois que je vais finir par aimer le champagne…
Le sommeil a, depuis un moment déjà, ankylosé mes membres… mon corps entier, inerte, ne
répond plus…
Mon esprit est parti en vagabondage absurde… il suit les chemins de mes idées naissantes
sans s’y attarder… il ne se fixe plus… décousu, il s’envole vers des brumes de plus en plus opaques…
Un contact chaud ferme et doux à la fois m’ancre dans le réel, sans réussir à me ramener à
la clarté…
Mon corps est manipulé, positionné, écarté… comme désolidarisé de moi…
Sans étonnement, je sens mon sexe accueillir le sien lentement… inexorablement… sans
résistance…
Mon intérieur se liquéfie presque instantanément… aidant encore un peu l’intromission de son
désir…
Mon esprit peine à analyser… comprendre… et abandonne…
J’entends mon corps gémir… réclamer immobile… rempli et désempli dans un rythme
ordonné…
Je sens mes chairs s’ouvrir… absorber… quémander…
Le fond noir de mes songes, rougit… la léthargie de mon corps s’évanouit…
Mes réponses aux assauts entrainent la « désordonnance »… et avec elle la
puissance des offensives…
Les coups de bassin puissants et conquérants, font résonner les vagues de plus en plus loin…
de plus en plus vite…
Et sans que mon esprit n’ait repris mes pensées… la vague me noie… me submerge… me soulève…
me tend…
Mon corps a joui de ses assauts… des ses désirs… de ses conquêtes…
La petite âme perdue dans ses songes a regardé… la poupée en désordre aimer…
Le jouet a joui… sans volonté…
Et le rêve est revenu prendre possession de l’esprit, enchanté de ce remue-charnel, sans
remue-cervelle…
Elle lève brusquement les yeux de son écran en entendant une voix qu’elle n’attendait
pas.
-Bonsoir Lyz !
Au côté de son homme, se tient, un grand sourire aux lèvres, son meilleur ami,
Philéas.
-Bonsoir Phil ! Lui lance-t-elle rougissante malgré elle…
Elle se lève pour les accueillir. Elle se colle à son homme, entourant son cou de ses deux
bras et échange avec lui un long baiser.
Se détachant, elle s’approche de Philéas, se plante, droite, en face de lui et pose une main
sur son épaule en tendant la joue.
Il l’attire à lui d’un bras autour de la taille et pose ses lèvres sur les
siennes.
Elle ne cherche pas à esquiver… elle perd un instant le souffle, écarquille les yeux… et
s’abandonne presque aussitôt, sous sa fougue.
Ce n’est pas la première fois que Loan invite Philéas à venir jouer avec eux… et elle sait
le plaisir qu’ils ont l’un de l’autre et les uns des autres... Alors, elle se laisse aller au bien être de ses mains et de ses lèvres avides…
Après un repas vite expédié, Loan lui demande de se doucher et de se changer… une jolie
robe, des bas, des chaussures à hauts talons et surtout, un masque sur les yeux…
Quand elle est prête, ils la laissent entrer dans la pièce et la regardent sans un mot. Elle
se sent gauche, ne sait comment se tenir… elle attend d’eux un signe, un mot, quelque chose pour la guider sur ce qu’ils espèrent d’elle… mais rien… ils ne font que la regarder et
sourire.
Elle se décide à poser le bandeau noir sur ses yeux… et nouant et dénouant ses mains dans
son dos, reste droite et tremblante au milieu de la pièce.
Elle perçoit de l’agitation, des mots murmurés qu’elle n’entend pas, des pas, des rires
étouffés. Elle s’agite, s’inquiète, retient son imagination…
Soudain, un souffle derrière elle et la voix de Phil s’élève…
-Tu as encore fait des bêtises… tu étais en retard ! Ce n’est pas bien… Tu ne fais pas
ce qu’on te demande… Il faut que l’on te punisse pour tes bêtises…
Il ne la touche pas, seul son souffle l’effleure.
Elle sent la tension monter le long de son dos… Une appréhension pointe… Jamais encore ils
n’ont joué ces jeux là tous les trois… Seul son chéri a eu ce droit jusque là…
-Avance !
Il la tient par la taille et la dirige adroitement. Elle tend les mains devant elle. Elle
n’ose faire de grands pas, ne percevant bientôt plus l’espace autour d’elle. Il la pousse devant lui et elle résiste, autant par bravade que par manque de repères.
Elle se retrouve brusquement plaquée contre le rebord du lit.
-Attrape les barreaux ! lui intime Loan.
Oui, comme ça… cambre-toi… Elle est belle ?
-Oui, vraiment très belle…
-Tu as mérité une fessée n’est-ce pas ?
Elle ne peut que baisser la tête en signe d’assentiment. Elle sent un feu couver entre ses
cuisses.
L’idée que Loan puisse lui donner une fessée devant Philéas la remplit d’un sentiment
étrange… un mélange de honte et de désir…
Elle sait l’amour de Loan et la tendresse de Philéas… cela la rassure.
La première frappe est légère et la détend immédiatement… puis, le bal commence… elle sait
que chacun prend plaisir à faire rougir ses rondeurs… elle ressent ses fesses brulantes exposées à leurs regards et leurs mots qui lui rappellent qu’elle n’est plus qu’une vilaine
fille…
Quand leurs doigts se mêlent sur son intimité, trempent dans les liqueurs de sa fleurs, elle
sent la vague l’emporter... puis plus rien… elle s’abandonne à leurs bras, ivre et pantelante.
Ils la ramassent doucement et la déposent sur le lit, dans ses draps de satin
pourpres.
Elle reprend ses esprits sous leurs mains qui la caressent.
Ils lui ont ôté sa robe, ses chaussures et son petit string noir.
Elle se sent libre, nue au milieu de leurs corps chauds.
Elle sait que la nuit n’en est qu’à son commencement…
Vos derniers mots