Il avait prit le temps de l’observer avant de s’approcher d’elle en douceur…

Au sortir de l’enfance, n’aillant jamais quitté le nid, elle était tout à la fois, sauvage et naïve.

Quand elle eut enfin mis sa main dans la sienne, il referma ses doigts avec fermeté, mais sans brusquerie…

Passées la panique et l’incrédulité, elle posa sur lui des yeux d’une confiance limpide…

Il sut immédiatement prendre la mesure de son animalité… découvrant sa faculté à s’abandonner à ses instincts primaires sans retenue ni contrainte.

Il l’apprivoisa avec patience, n’exigeant jamais d’elle plus qu’elle ne pouvait donner…

Il la laissa vivre ses différences… ses rêves… s’épanouir dans une vie à son image… non conforme…

Elle lui donnait en échange sa confiance infaillible… prête à le suivre sur tous les chemins… à laisser ses appétences charnelles, le combler sans tabou…

Il la protégea, construisant pour elle un écrin, une cage dorée sans clé, ouverte sur le ciel.

Elle s’y épanouit…  se livrant à ses passions éphémères… rêvant… dessinant… écrivant… sculptant… dansant… chantant… …

Et il lui faisait découvrir le monde, lui en cachant le mal, lui présentant l’amitié et ses jolies valeurs…

Il lui offrit le bonheur d’enfants à élever, et comme pour le reste, lui laissa la joie de les mener à sa façon… des armes pour la vie et des grains de folie…

Elle fut parfois sauvage quand il lui fit mal sans le vouloir… mais toujours c’est dans sa main qu’elle revenait boire…

Il la laissa devenir dépendante de lui… comme attachée à vie… mais sans jamais la plier, ni la domestiquer…

Aujourd’hui elle est encore prête à fuir le monde étrange qui l’entoure et qu’elle ne comprend pas toujours …

Il reste le seul en qui elle ait une confiance aveugle…

Elle reste aussi grâce à lui, la sauvageonne aux instincts animaux non réprimés, dont il sait si bien jouer…

Et elle est certaine de lui devoir le bonheur qui l’habite…