Ne soyez point surprise par ce courrier que je vous adresse de façon si peu conventionnelle par la main discrète et fidèle de mon valet. Vous devez me trouver inopportun et ma démarche des plus malséantes, j’en conviens en cela je ne respecte point les usages de notre monde. Cependant je pense pouvoir être pardonné au regard de la situation.

J’ai pour habitude de fréquenter le salon de mademoiselle, ainsi que les promenades du chevalier ne dit on pas que ces lieux sont les plus adéquats aux rencontres les plus inventives. Ces derniers jours cependant il me faut vous l’avouer je m’ennuyais plus que de raison en cette compagnie guindée et je me préparais à abandonner ces petites visites.

C’est en me promenant dans le parc que je vous ai aperçue madame en compagnie de votre amant. Vous tendiez la pale rondeur de vos appâts aux épanchements de votre compagnon. Je dois vous l’avouer le spectacle fut des plus charmants et les balancements de votre corps plus qu’équivoque.

Ne craignez rien, ce secret restera entre nous, nul n’aura l’occasion d’entendre cette confession si ce ne sont vos yeux sur cette lettre. Lettre qui n’a d’autre but que de vous faire savoir le plaisir qu’ont eu mes yeux ä se poser sur votre corps tandis que vous vous faisiez gamahucher comme une ribaude. Ne prenez pas mal mes écarts de langage car au regard des insipides dames de la belle société chaque ribaude est plus tentante.

J’ai entr’aperçue aussi vos boucles défaites qui ont tant fait jaser chez mademoiselle, ce sont elles qui m’ont poussé à la rédaction de ce courrier. J’ai admiré cette folle audace mue par l’impétuosité de votre amant je n’en doute pas et par son impulsion. J’espère encore vous surprendre au hasard de mes promenades et en tirer encore autant de plaisir.

Un passant qui vous est tout dévoué..

Monsieur le Vicomte X

Mon enchaînée.

Quelle vision merveilleuse que votre silhouette raidie par l’appréhension, dans vos blancheurs diaphanes éclairées par la lune.

M’approcher à pas de loup, tel un prédateur vers sa proie, faisait battre si fort mon cœur, que j’avais peur que vous ne l’entendiez…

Vous voir accepter ce foulard sur vos yeux, me laisser vous dévêtir de votre si fine enveloppe, me permettre de poser mes mains, mes lèvres sur votre peau si douce dans ce jardin si fréquenté durant le jour, si près de vos gens et de votre maison…était pour moi un transport de joie immense.

C’est le bonheur évident que vous me montriez, qui m’a soufflé, que je pouvais vous emmener plus loin encore…

Et quand je guidais votre abandon, ma vie, en vous, s’est retrouvée.

Sentir votre corps me répondre, me réclamer, se tendre vers moi…

Vous m’avez offert bien plus que je n’aurais osé imaginer…

Je ne parle pas de ma jouissance en vos reins qui me fit tant haleter, je parle de votre jouissance inouïe, si totale et violente que je vous ai senti partir…

Je ne fais plus que penser à ces instants magiques.

Je n’en suis encore pas, revenu sur terre.

J’ai l’impression étrange d’avoir vécu un rêve et que le réveil m’est insupportable.

Me laisserez-vous encore vous aimer ?

M’autoriserez-vous plus de choses encore ?

Vous me dites «  oui », mais je n’ose y croire.

Alors, en ce nouvel après-midi, où je sais vous trouver de nouveau chez la demoiselle, me donnerez-vous nouvelle preuve de votre désir de m’offrir vos plaisirs ?

Dénouez vos cheveux, offrez aux yeux de tous, la caresse de vos boucles soyeuses… Laissez-moi admirer cette toison brune toujours emprisonnée.

Je sais l’indécence d’être ainsi, sans coiffe, en bonne compagnie… mais imaginez les fantasmes qu’ainsi vous provoquerez.

Et qui sait… peut-être déciderez vous vos sœurs à en faire de même…

Osez pour moi, osez pour vous, je vous promets des émois inconnus.

Votre admirateur.