Lyzis et son L
Je somnole dans le compartiment vide. Le roulis du train me berce. Trois jours de fête m’ont épuisée et les 5 heures d’express qui me ramènent chez moi vont passer très vite…
C’est la voix criarde du contrôleur qui me réveille en sursaut…
J’émerge avec difficulté, attrape machinalement mon sac et en sort le morceau de papier demandé…
Quand la porte coulissante est de nouveau fermée… je réalise que je ne suis plus seule. La pénombre qui règne dans la cellule ne me permet pas de comprendre tout de suite.
Les rideaux sont tous tirés et en face de moi, un homme me fixe.
Il arbore un sourire que je n’arrive pas à interpréter. Je lui souris par politesse et facilité, ne sachant que faire d’autre.
Machinalement, je regarde ma montre. 11heures. Cela ne fait même pas 1 heure que nous sommes partis. Il ne me reste qu’à me rendormir.
Je m’installe de nouveau confortablement, et ferme les yeux, pour me laisser gagner par la torpeur.
Mais je ne trouve plus le sommeil… la présence de cet homme énigmatique en face de moi me trouble… Il ne dort pas… pourtant, c’est lui qui a fermé les rideaux… il ne peut donc ni lire, ni écrire… que peut-il bien faire ?
J’ouvre un œil et tente de l’observer à la dérobée… il a de belles mains, soignées et nonchalamment posées sur ses genoux… un jean, des chaussures bien cirées, un polo foncé, et … Zut, il me regarde lui aussi…
Je referme instantanément les yeux. Je suis ridicule… Je ne peux m’empêcher de sourire…
Je me redresse, et le regarde franchement…
J’aime autant moi aussi… car je me sens tout d’un coup rougir jusqu’aux oreilles…
Je cache mon trouble par un rire un peu forcé et soulève légèrement la tenture pour me donner de la contenance en regardant dehors
J’essais de trouver un sujet neutre et il se prête volontiers à mon stratagème.
Et de fil en aiguille, nous discutons délicieusement de tout et de rien.
Il m’ouvre galamment la porte et m’emboite le pas.
Je sens son regard posé sur mes reins et sans comprendre pourquoi, une chaleur équivoque monte le long de mon dos… Je me redresse instinctivement…
Lorsqu’il pose sa main sur ma hanche pour me guider vers une table, je ne peux retenir un frisson…
Il se moque de moi… cette fois, j’en suis sure… Allons, ressaisie toi !… Qu’est-ce qui m’arrive ?... Ce doit-être la fatigue… Une bonne respiration… un sourire… et voilà, ça va mieux…
Un grand sourire éclaire son visage…
La conversation prend dès lors une toute autre tournure… Et de compliments en badinages, il pose régulièrement sa main sur la mienne… que je ne retire pas… Je sens son désir dans chacun de ses sourires, dans chaque caresse de ses doigts entre les miens, dans chaque mot ambigu qu’il emploie. Il doit sentir le mien aussi nettement que moi, car il devient plus précis et je n’ai même pas terminé mon café, qu’il est déjà debout à me tendre la main…
Il ne me suit plus, mais au contraire, il m’entraine rapidement dans son sillage.
La porte à peine fermée, nous nous jetons littéralement l’un sur l’autre… J’ai tellement envie de sentir ses lèvres sur les miennes, de le laisser me goûter… Il a un goût de café et j’emplie mes narines de son odeur musquée.
Ses mains courent sur mes bras nus, il suit la courbe jusqu’à mes épaules et enfin, enserre ma nuque d’une seule main, tandis que de l’autre il plaque mon bassin contre le sien.
Je sens son désir impérieux, sa force autoritaire. Et je n’ai plus qu’une envie, me laisser aller... jouir de son appétit de moi… m’accorder le plaisir qu’il veut me donner.
Nous nous détachons l’un de l’autre, pour nous regarder, reprendre notre souffle, éclater de rire et se déshabiller frénétiquement…
Il arrête mes gestes lorsque je m’apprête à détacher mon soutien-gorge.
Son sourire gourmand me brouille l’esprit…
J’ai soudain conscience de l’endroit où je me trouve, de l’incongruité de ma situation, de ce que je m’apprête à faire. Je ne sais rien de cet homme et pourtant, mon corps déborde de désirs. Ma raison s’alarme en proportion de l’affolement de mes sens… Je ne sais plus comment me tenir… Il a retiré sa chemise et me regarde sans bouger… Une angoisse me serre la gorge…
Je ne le fais pas répéter. Je ferme les paupières avec soulagement.
Le calme… son souffle chaud dans mon cou… ses doigts qui caressent le bord du balconnet, qui courent de la peau nue au tissus soyeux… ses lèvres sur ma nuque… sa langue qui me goûte…
Ma tête tourne, mon cœur est au bord de l’explosion… Je perds ma lucidité… La voix de ma conscience est si ténue… Je tends mon corps autant pour résister à la tentation, que pour sentir mieux encore ses attouchements.
Je ne peux que baisser la tête… partagée entre le oui et le non…
Empoignant mes cheveux d’une main, il m’oblige à lui offrir mon visage sans brusquerie, mais fermement… Il pose ses lèvres sur les miennes et c’est moi qui l’embrasse avec gourmandise.
Je hoche la tête pour lui signifier l’envie de lui qui me dévore.
Il reprend son exploration lente… tourne autour sans jamais s’attarder là où je voudrais qu’il s’arrête…
Je ne peux retenir un long soupir quand il dégrafe l’étoffe qui me semble de plus en plus étroite et qui m’étouffe… Je sens son regard qui me brûle, puis ses mains, ses doigts qui atteignent enfin mes mamelons en feu… Il joue, pince, tire, caresse… embrasse, mordille… et je m’accroche à ses épaules… Je ne suis plus que peau et chair… mon centre est entre ses mains, ses doigts, ses lèvres… Une houle puissante et inexorable me parcoure soudain et j’enfonce mes ongles dans ses bras…
Il me dépose délicatement sur la banquette et avec d’infinies précautions, il me câline et m’embrasse…
J’entoure son cou de mes bras et l’embrasse avec gratitude… Il se laisse faire.
Peu à peu, je laisse mes mains courir sur son torse, ses épaules rondes. Sa peau est douce et une envie de le découvrir et de lui faire plaisir s’impose…
Je suis le chemin que parcourent mes doigts, de mes lèvres, du bout de ma langue…
Il s’assoit et je me place à genoux entre ses jambes pour me frotter contre lui sans aucune pudeur… J’ai perdu toute retenue… Je n’ai plus qu’une envie… le toucher, le goûter à mon tour, coller ma peau à la sienne…