Lyzis et son L
Je suis arrivée en retard…
Comment choisir ?
J’ai mis trois plombes avant de me décider.
J’ai opté pour mon jean léger, taille basse.
Il est si grand, que j’ai toujours l’impression que je vais le perdre…
Ma conscience approuve ce choix : un pantalon pour montrer que je ne suis pas une femme facile. Je n’accepte pas tout et n’importe quoi ! Je suis une femme libre et qui maîtrise sa vie !
Mon autre moi me dit que c’est un très bon choix : avec sa taille si basse, il ne peut pas ne pas voir que je porte un string… Il ne peut pas ne pas avoir envie de toucher la peau nue de mon ventre qu’il apercevra… Et cette ceinture si large n’arrêtera pas sa main experte, afin qu’elle glisse à l’intérieur… intérieur de mon vêtement, intérieur de mon sous-vêtement, intérieur de mon corps… Comment ne pas rater son bus ?
Le bras levé pour bien serrer la barre, j’attends, impatiente.
Je suis une nouvelle fois surprise.
La seconde main, empoignant fermement mon poignet libre, le soulève et d’un mouvement rapide enserre les deux.
Mes deux mains liées, se retrouvent accrochées au métal.
La main que je connais bien, se pose sur mon ventre, après que le bras ait fait le tour du barreau.
Je sens alors imperceptiblement un corps se coller au mien.
Il se presse contre moi.
La main sur mon ventre me plaque résolument contre lui.
Mon corps peu à peu sent les courbes de celui de l’homme.
Je sens son désir se nicher dans mon dos. Provocant le mien et une humidité incontrôlable…
Chaque mouvement du bus accentue la présence imposante de ce corps d’homme.
Le mien se courbe, s’ajuste, ploie, frôle, coule…
Et l’étreinte s’évanouie d’un seul coup. Me laissant inerte, sans force, comme stupéfiée…
Je rentre dans ma chambre sans m’en apercevoir, absorbée par la violence de ces sensations nouvelles.
Lorsque je retrouve enfin mes esprits, c’est pour me demander si j’avais réellement fait cela en public, et comment j’arriverais à croiser le regard des autres passagers habituels, sans devenir immédiatement écarlate…
~
Jusque devant l’arrêt de bus, ma conscience me titille.
Voyant que les personnes attendant avec moi ne me regardent pas comme « une drôle de fille »… je me tranquillise un peu.
En entrant dans le bus, je dois tout de même avoir l’air tendue, car deux mains légères et lourdes à la fois, viennent se poser directement sur mes épaules.
Elles entament un massage en règle, massant, caressant, malaxant, tapotant autant mes épaules que mon cou.
Je me laisse aller. A la limite de la plénitude absolue… prête à me laisser couler dans le sommeil et les songes.
Une douce chaleur, une détente salvatrice, un bien-être profond s’installent en moi, descendant de ma nuque, de mes épaules, de mon dos, vers les centres tendus de mon corps.
Lorsque le bus s’arrête, je me sens reposée, relaxée.
Et même le murmure qui atteint mes oreilles avant que je ne descende, n’arrive pas à provoquer de tension en moi.
« Mettez une jupe… »
Ces mots ne prennent forme que le lendemain matin sous ma douche.
J’attrape ma robe de coton fleurie et passe ma journée à attendre le bus…
~
Enchaînée volontaire au poteau central, j’attends toujours bouillante la venue de mon inconnu…
Il se fait désirer une partie du trajet.
Puis je perçois, d’abord imperceptible puis entêtante, l’odeur musquée du premier baiser…
Mon sexe mouille immédiatement.
Avec une sorte de violence, le corps viril s’écrase contre le mien.
Il imprime une pression puissante contre mes fesses, me plaquant sans ménagement contre le tube métallique.
Je sens ma culotte devenir liquide sous la pression.
Je voudrais porter mes mains au contact de ce corps puissant, mais la peur des représailles me retient définitivement.
Le poids de cet homme sur moi devient douloureux…
Il semble vouloir m’écraser entre la barre et, son sexe, dur et volumineux.
Le métal résiste contre mon pubis en feu et la chair tendue pousse entre mes fesses tendres…
La sensation, d’excitante, devient insoutenable.
Je perds pied une fois encore, suppliant intérieurement mon bourreau de relâcher la pression.
Au moment précis ou le cri de douleur retenu entre mes lèvres est prêt à s’échapper, l’inexorable poussée cesse.
Je respire de nouveau, profondément, intensément, reprenant mes esprits peu à peu.
Le murmure souffle de nouveau dans mon cou : « Jupe… et courte… et pour vous punir… sans culotte… »
Je reste interdite.
Une panique immobile s’empare de moi… je ne veux pas avoir mal… je ne peux pas reculer… je suis prise au piège…
Mon sexe, toujours trempé, est endolori… comme pour me rappeler ce qui m’attend si je n’accède pas aux désirs de cet étranger…
Ma nuit agitée ne me porte pas conseil…
- Ne pas aller demain à ma dernière journée de stage…
- Ne pas prendre ce bus.
- Prendre ce bus.
- Affronter mes désirs.
- Refuser de me soumettre.
- Affronter la douleur.
- Accepter.
- Profiter du plaisir proposé.
- Rejeter fermement l’idée même de cette possibilité.
- Faire remonter en moi un sentiment d’orgueil protecteur.
- Etouffer mes scrupules.
- Oublier les convenances pour jouir du moment présent.
- …
- …