Lyzis et son L
Je fais donc rapidement le tour de ma barre et attend, impatiente de reconnaître la main et la bouche que je connais déjà.
Mais le voyage s’achève, sans que rien ne se produise.
Pas de main reconnue, pas de sourire entendu, pas de mots échangés…
Les visages des hommes qui me font face sont souriants quand ils croisent mon regard, mais c’est le même sourire pour tous…
Les odeurs se mélangent sans me permettre de localiser celle qui a laissé son empreinte dans ma mémoire… Aucun ne manifeste un intérêt plus particulier envers moi et je descends fort chagrinée et engourdie comme au sortir d’un rêve inachevé.
Je dors d’un sommeil sans songe, bridant mon imagination, pour cacher ma déception à ma conscience honteuse…
~
Me voici de nouveau au contact de mon mat d’acier… Je me sens lasse.
Je n’ose penser…
Va-t-il être là ?
Va-t-il se manifester, me toucher, m’embrasser, me regarder, me laisser le rencontrer ?
Ne va-t-il plus jamais exister ?
Perdu ?
Je n’ose bouger, ne pas penser, ne rien regarder.
Et soudain… c’est elle, cette grande main tient la mienne entièrement enroulée autour de mes doigts et du pilier.
Elle exerce des pressions de plus en plus rapprochées.
Chaque impulsion provoque en moi des décharges d’adrénaline.
Je perds doucement pied.
Les battements de mon cœur ont des ratés.
Soudain, je sens une seconde main se presser contre ma hanche. Elle relâche la pression pour m’effleurer à travers le tissu léger de mon pantalon, tout en remontant imperceptiblement vers ma taille.
Après deux ou trois alternances, des doigts chauds se posent sur ma peau à la lisière de ma ceinture.
La main glisse habilement sous mon top et se plaque totalement sur mes côtes.
J’ai le souffle coupé.
Je sens comme une brûlure délicieuse cette main sur ma peau… là… au milieu de toutes ses personnes qui me frôlent, me touchent, me regarde, me sourient…
L’indécence du lieu et de la situation n’arrive pas à m’empêcher de me pâmer.
Le désir est immense de se sentir à la merci d’un étranger sans visage, sans identité.
C’est un peu comme les fantasmes que l’on créé, où le plaisir vient parfois d’un être sans visage. Cet amant parfait que l’on ne connaît pas et que l’on imagine sans lui donner d’identité. Il est tous les hommes que l’on désire. Mais il n’est aucun d’eux en particulier.
Je réalise soudain, que mon sein a trouvé un écrin bien trop chaud.
Mon corps se met lentement en mouvement, pour se retourner.
Autant pour faire face à celui qui le maîtrise, que pour faciliter les caresses que les doigts prodiguent à ma poitrine.
Une douleur violente me stop nette.
Mon mamelon, pincé fortement, me fait horriblement mal.
Je ne bouge plus, retenant avec peine un cri et priant pour que cela sarrète. Je ne supporte décidemment pas la douleur.
La grande paume douce et tiède, se pose alors franchement sur ma pointe endolorie. Et d’un mouvement lent malaxe et modèle mon sein.
Je me détends et sens un souffle chaud approcher de ma nuque.
Une voix grave et envoûtante murmure : « Ne cherchez pas à savoir !»
Je bascule dans le néant…
Je me sens partir contre ce souffle inconnu…
Je perds pied et l’arrêt brutal du bus, me fait prendre conscience de mon abandon.
Abandon de mon corps et abandon de l’homme…
Je rentre à l’hôtel comme une automate, incapable d’organiser mes pensées, le string trempé, les yeux embués d’un désir brûlant, un sourire béat accroché aux lèvres et une furieuse envie de prolonger le plaisir seule dans mon nid protégé et douillet.
~
Les deux jours qui suivirent, furent une torture.
Je passais le week-end enfermée dans ma chambre, tour à tour envahie de remords et de honte ; ou euphorique et insatiable, prête à tous les excès pour parvenir à la jouissance sous les doigts de l’inconnu… Mes pensées se bousculaient, laissant toujours les fantasmes reprendre la parole…
~