Lyzis et son L
Lorsqu’elle frappa à la porte, il était d’une humeur de chien. Plusieurs semaines qu’il tournait en rond dans son atelier sans la moindre inspiration…
Traversant la pièce claire d’un pas de général, il ouvrit à toute volée.
Elle ressemblait à un moineau tombé du nid… les plumes encore froissées et le minois effrayé. Elle recula d’un pas devant l’air excédé de l’homme à la chevelure en bataille qui la surplombait d’une tête.
- Que voulez-vous ? demanda-t-il d’un ton plus bourru qu’agressif.
- Je… Pardon… Excusez-moi…
Elle recula encore de deux pas, prête à prendre ses jambes à son cou pour détaler.
- Ne partez pas. Je suis un peu énervé. Je ne voulais pas vous faire peur. Dîtes moi au moins pourquoi vous êtes montée jusqu’ici.
- L’annonce. Je croyais que c’était ici.
Elle avait baissé les yeux sur ses chaussures et tortillait ses doigts dans la bandoulière de son sac. Sa voix était comme un filet d’eau clair, ténue et cristalline. Elle mordillait sa lèvre inférieure, incapable de cacher son anxiété.
Un sourire se dessina sur le visage buriné de l’homme. Cette fragilité l’émouvait. Il aimait la faiblesse chez les femmes, les voir rougir, les sentir perdues. Ces fractions de secondes où elles n’étaient plus maîtresses d’elle-même, où elles étaient visiblement submergées par leurs sentiments, l’excitaient fortement.
- Une annonce ? De quoi parlez-vous ?
Il avait maîtrisé ses intonations… ne pas laisser paraitre son amusement devant son désarroi, la rassurer quand à son courroux qui avait disparu, maintenir un peu de pression par les mots, mais l’entourer de douceur par le timbre de sa voix grave.
Levant de grands yeux candides, elle lui offrit un sourire timide.
- J’ai vraiment dû me tromper. L’annonce disait qu’un dessinateur cherchait des modèles sans distinction de race, d’âge, ni de sexe, rémunération possible. Et j’ai cru lire cette adresse. Excusez-moi encore de vous avoir dérangé. Je ne vais pas vous ennuyer plus longtemps.
Elle termina sur un sourire resplendissant, visiblement soulagée d’avoir été au bout de sa tirade.
- Oui ! C’est bien une annonce que j’ai faite. Mais il y a des mois. J’avais complètement oublié. Vous êtes la première à y répondre. Pour tout vous dire, les gens du quartier ont bien trop peur pour venir jusqu’à ma porte.
Il joignit un clin d’œil à ses mots pour atténuer la menace qu’ils sous entendaient.
- Entrez, ne restez pas dans les courants d’air.
Elle hésitait, mais la grande main tendue l’invitant à entrer, le sourire engageant et la voix chaleureuse eurent raison de sa méfiance.
Suite Initiation 2
Merci François... J'essaierai comme vous de publier un bout de cette histoire chaque semaine... En espérant que la suite vous plaise aussi... Mais mon petit doigt me dit que oui ! ;-)